A l’occasion de la journée de la Francophonie, l’Ecole Centrale d’Electronique (ECE) a soumis
près de trois cents étudiants ingénieurs à la dictée, pour leur redonner goût à la langue française.
Voici le texte de la dictée qui leur était proposée :
La rencontre entre deux continents
La boussole de Jacques Cartier le guida afin qu’il prît possession du Canada en 1534.
Celle de Samuel de Champlain apprivoisa les noroîts et les alizés avant qu’il vît
la Nouvelle-France et vînt fonder Québec en 1608.
Quatre cents ans déjà que, telle une passerelle humaine, des Français des régions
ouest sont allés planter leur vie là-bas, par-delà l’océan. Faisant fi des plaignards,
l’hiver, ils ont vaillamment pelleté la neige des congères, quand les chasse-neige
n’étaient pas légion, et se sont embourrés dans des couvertures bleu sombre pour se
réchauffer.
Certains se sont rapprochés des mouflons et des orignaux, ont frayé avec le tétras,
le balbuzard ou le ouaouaron. D’autres se sont faits trappeurs. Combien d’heures jubilatoires
ont-ils alors passées en palabres lorsqu’ils ont dû s’attabler pour négocier des fourrures
avec des Algonquins ?
Au fil des siècles, avec tact, ils ont assaisonné les mots français à la sauce québécoise,
en évitant de s’enfarger dans les fleurs du tapis !
S’ils ont admiré les sarracénies rouge violacé des Terre-Neuviens, ils se sont aussi
laissé envoûter par les emblèmes actuels de la Belle Province : le lis blanc, aux
feuilles verticillées, dont le bulbe est rattaché à un rhizome, et le harfang des neiges.
Aujourd’hui, le visage tourné vers l’avenir, nos cousins du Québec se déplacent sur
des rouli-roulants, pitonnent joyeusement, ont de la jasette et aiment à mémérer ou
à clavarder.
Alors toi, jeune francophone, remercie-les, en cette date anniversaire, de défendre
si magnifiquement notre chère langue française…
Passe encore pour les « Algonquins », les feuilles « verticillées » ou les « rhizomes »
(dont l’emploi par d’autres que des spécialistes de botanique - ce qui n’est pas le
cas des électroniciens - est d’une extrême rareté) mais je rejette avec horreur les
« sarracénies », le « harfang » et autres « jasette », « rouli-roulants », « mémérer » ou
« clavarder » qui ne sont que des idiotismes de la « Belle Province » (donc une espèce
de patois heureusement ignoré des authentiques de l’Hexagone). Pourquoi ne pas avoir
glissé quelques « hétérodyne », « phantastron », « synchrodyne » et autres expressions
techniques qui eussent mieux convenus au futur métier de ces malheureux ?
Alors, bêtise ou pédantisme ?
MD