Ma vision de l'audio...
L'audition est loin d'être identique d'un individu à l'autre, elle varie suivant l'humeur, l'état de santé etc...
Il y a des jours où je ressens un plaisir bien réel à l'écoute de la musique et d'autres où je n'en ai aucun, dans ce cas je passe à autre chose.
Après un rhume persistant qui s'est porté sur l'oreille interne, il m'a fallu quasiment une quinzaine pour retrouver le plaisir d'écoute, je ne reconnaissais plus mes disques préférés.
Pourtant électroniquement parlant, rien n'avait changé, j'ai été jusqu'à retracer la courbe de réponse pour vérifier tellement j'étais frustré.
Alors prétendre trouver une différence instantanée et "surlecutante"(1) à l'écoute de deux câbles ou de deux condensateurs, ça me fait beaucoup rire, les audiophiles placent leur audition à une altitude stratosphérique.
Un musicien peut à la rigueur déceler des différences subtiules dans le timbre de son instrument, mais l'auditeur ordinaire n'y verra que du du feu.
Il y a peu de temps j'ai passé des semaines à tester des amplificateurs en écoute aveugle avec des amis à l'oreille exercée.
Les différences, bien que subtiles, étaient bien visibles aux mesures. A l'écoute chacun avait sa préférence et certains ont trouvé des différences importantes dans la résolution, le respect des timbres, la tenue du grave.
Hélas, une fois passé au mode aveugle, plus personne n'a pu affecter une sonorité particulière à un ampli, sur les mêmes morceaux.
Deux amplificateurs peuvent (par exemple) exprimer une ,nette différence sur la fermeté du grave sur des "grosses gamelles" quand leur alimentation est faible, parce que la source d'énergie est bien l'alimentation que l'ampli ne fait que moduler, mais cela se voit aux mesures.
Les différences entre deux amplis bien conçus sont infimes, je dirais même négligeables comparée à celles, bien plus évidentes, qui peuvent exister entre deux paires d'enceintes acoustiques, et c'est là qu'il faut consacrer ses efforts si on veut aller vers la perfection (qui paraît il n'est pas de ce monde).
Il y a aussi la qualité des sources, les disques vraiment bien enregistrés sont de plus en plus difficiles à trouver, l'ingénieur du son ne recherche pas la fidélité mais le goût des auditeurs qui change suivant la mode, les taux de compression sont souvent fantaisistes et la musique y perd son âme.
On a souvent entendu dire que le vinyle était meilleur que le CD, et c'est souvent vrai parce que la dynamique a été adaptée au nouveau support et c'est parfois catastrophique, les premiers CD de rock repris des années 70-80 sont souvent inécoutables sur de bonne enceintes.
Je possède plusieurs enregistrement en vinyles et CD du même album, la différence est colossale, parfois l'interprête est en recul, l'orchestre perd sa dimension spatiale et la dynamique a disparu.
A noter qu'un très bon disque reste bon même sur un vulgaire baladeur, ce qui relativise...
La réalité, c'est que l'oreille s'habitue à tout, j'ai écouté des systèmes qui m'ont déplu parce qu'ils avaient une sonorité très différente du mien auquel j'étais habitué, reste à savoir lequel était le plus fidèle...
Dans un auditorium commercial, tout est fait pour que le client ne se sente pas chez lui, la déco, le traitement acoustique, l'ambiance, les étiquelles, le prix etc...
Quand il emmène son acquisition chez lui, la première impression de l'acheteur est souvent très éloignée de ce qu'il avait entendu dans le magasin.
Puis après quelques jours il finit par s'habituer et trouve son nouveau système excellent, avant qu'il ne décide d'en changer, car l'audiophile ne s'arrête jamais avant d'atteindre le sublime qu'il poursuit inlassablement, comme le Saint Graal.
Les revues audiophiles regorgent de produits plus sublimes les uns que les autres à des prix évidemment astronomiques.
une bonne paire d'enceintes coùte plusieurs milliers d'€urpar exemple ce bout de câble secteur à 2000 balles qui soit disant, révèle des détails de la musique passés inaperçus, et produit des notes "qui ne s'éteignent quasiment plus", textuel !!!
Qu'est ce qu'ils font les câbles ordinaires? de la rétention d'informations ?
Mais le plaisir de l'écoute n'a parfois qu'un lointain rapport avec la vérité de l'enregistrement
Chez l'audiophile indécrottable, le bon disque, dont il passera inlassablement les mêmes extraits à ses amis, est celui qui met en valeur le grave abyssal de ses nouvelles enceintes.
Pour moi le bon disque est celui que j'ai envie d'écouter jusqu'au bout, quel que soit le matériel qui le reproduit.
La musique, c'est comme une bonne blanquette de veau, peu importe la casserolle ...
Cdt,
(1) Surlecutante:
Expression audiophile bien connue, l'auditeur ressent une telle émotion à l'écoute qu'il en tombe "sur le cul".
C'est pourquoi quand je reçois des amis audiophiles, je n'envoie la musique que lorsqu'ils sont bien assis...
)
J'ai failli oublier : L'audiophile indécrottable n'a généralement aucun humour, il est donc possible que je déclenche la foudre avec ce petit message un rien moqueur, mais c'est normal vu qu'il fait 33° à Bordeaux, comme le département...
Et je n'écoute pas la musique parce que les électrons sont trop ramollis par la chaleur, ils se trâinent lamentablement dans les câbles..
Bon dimanche