Laissons lui le bénéfice du doute si vous voulez.
Plus généralement je voudrais profiter de quelques heures de temps libre pour revenir sur la question centrale posée par ce post, à savoir est-il possible de détecter un faux à coup sur à partir d’une photo? La question est d’autant plus importante aujourd’hui que les ventes sur internet représentent une part sans cesse croissante du marché.
Bien entendu, la réponse à cette question est non car chaque cas est particulier.
S’agissant des reproductions d’appareils existant et le plus souvent prestigieux (Ducretet, Hurm, Vitus pour les plus touchés par le problème) celà dépend bien entendu de la qualité de la réalisation et de la compétence de l’observateur. Il y a 2 ans je me suis fait pièger par un faux Hurm sur Ebay (que d’autres avaient détecté comme tel, comme quoi je ne suis pas infaillible) et il faut bien reconnaitre que la qualité de certaines réalisation est réellement bluffante. Même en les ayant en mains, on peut parfois se faire avoir. Un petit truc néanmoins mérite d’être connu : En démontant une borne ou une petite plaque métallique située sur l’ébénisterie ou sur la façade en ébonite on peut presque à coup sur distinguer le vrai du faux : Si l’appareil est authentique il y aura nécessairement une différence de couleur de l’ébonite ou du vernis au niveau de la zone masquée par la plaque ou la borne. Jusqu’à présent je ne connais pas de faussaires qui aient réussi à reproduire artificiellement le vieillissement différenciel des parties cachées et des parties exposées.
S’agissant maintenant des pures créations, comme le galène Bobbin, il s’agit de traquer les anachronismes. « Bobbin, fabrique de bobines à Binic », cela a tout du poême surréaliste, c’est en somme trop beau pour être vrai. La mention « Binic-France » doit également interpeller. S’agissant de l’oeuvre d’un petit constructeur local, quel interêt pouvait-il avoir à préciser qu’il s’agissait d’une fabrication française ? Avait-il des ambitions à l’exportation? Sur les plaques constructeur françaises on trouve le plus souvent une adresse mais presque jamais (y compris chez les grands constructeurs) la mention « France ». Celle-ci prend en revanche tout son sens dans le cas d’une fabrication etrangère réçente qui vise à accréditer l’idée que le poste est français. A ce niveau il n’y a pas de preuves mais un doute serieux, suffisamment serieux à mon sens pour dissuader l’acte d’achat. La levée du doute intervient plus tard avec le poste « Mathaphone » qui est un condensé carricatural des « tics de fabrication » de ce faussaire. C’est presque un cas d’école mais je pense que dans l’absolu même les plus grands experts (titre que je revendique pas) ne sont pas à l’abri de se faire avoir.
Petite illustration en forme de jeux avec les photos de 3 postes à galène, aussi étranges que le Bobbin, qui ont à un moment été dans ma collection. 2 seulement parmi les 3 sont authentiques. Je laisse aux lecteurs le soin de deviner lesquels.

Disque en carton bakélisé, D=25cm, bobinage type fond de panier, 2 grands curseurs avec zones de contact convexe, fabrication très pro mais pas de marque

Grand galène Oudin, partie horizontale en ébonite gravée de la marque « Ets Delaval + une adresse en banlieux », CV compliqué à règlage par vis micrométrique.

Galène Oudin, marque E Dupont suivi d’une adresse à Paris sur plaque laiton, curseur fixe sur le socle monté sur ressort, bobine mobile avec zone de contact éliptique en surépaisseur