Le relais du Mont de Cassel 2 juin 1953
extrait de " la Voix du Nord " du 9 septembre 2022
Mort d’Elizabeth II: comment un Casselois a sauvé la retransmission de son couronnement
La télédiffusion en était à ses balbutiements.
Le 2 juin 1953, Guy Desmytter, un Casselois, a participé à l’opération épique qui a permis la retransmission en Europe du couronnement de la reine d’Angleterre.
Vingt-cinq tonnes de tubulures avaient été installées sur le toit du Casino de Cassel.
Par Marc Le Tellier
Publié: 9 Septembre 2022 à 12h01
Il y a cinquante-neuf ans, les millions de téléspectateurs européens massés devant leur télévision ne se sont doutés de rien.
Pourtant, sans l’ingéniosité du Flamand Guy Desmytter, l’écran restait noir. Une aventure rocambolesque.
Le 2 juin 1953, la retransmission du couronnement de la reine Elizabeth II est le premier événement diffusé à l’échelle internationale. Dès le printemps, un dispositif technique complexe est déployé partout en Europe. Le mont Cassel, point culminant du Nord, est retenu comme premier relais de diffusion. C’est le toit du Casino, salle de spectacle détruite au début des années 2000, qui accueillera les antennes.
Un camion arrache un pylône électrique
Pendant plusieurs mois, des techniciens parisiens implantent une structure de vingt-cinq tonnes. L’opération à hauts risques est endeuillée par la chute d’un ouvrier. Guy Desmytter, qui se destine à prendre la tête du Casino, propose ses services : « J’ai demandé, et obtenu, une rémunération plus importante », relatait l’homme dans nos colonnes en juin 2002. Pas effrayé par l’ampleur de la tâche, il passe deux semaines à river, boulonner et souder des pièces métalliques. Tout est prêt le jour du couronnement, les équipes peaufinent les derniers réglages dans une atmosphère de grande fébrilité. Mais à Staple, à cinq kilomètres de Cassel, un camion arrache un pylône électrique. Le Casino est privé de courant, le ministère des PTT achemine en urgence un groupe électrogène alors que l’émission spéciale de la BBC débute. « L’employé des PTT ne savait pas comment le démarrer, raconte Guy Desmytter. Un ingénieur britannique a réquisitionné deux colosses. À quatre, on a réussi à le mettre en marche. »
Tout repose sur la machine, dont le starter est tiré à fond. Le groupe consomme énormément de carburant, un agent de la Poste enchaîne les allers-retours vers une station-service avec un bidon de 20 litres. La retransmission se termine sans accrocs. À Cassel, la fièvre médiatique retombe instantanément. Guy Desmytter est surpris du grand écart : « En quelques jours, tout a été démonté et revendu à un ferrailleur. »