Identification et lecture mécanique des 78 tours

Bonjour,
J’ai remarqué qu’il y a souvent des confusions pour identifier et lire mécaniquement les 78 tours en gravure verticale ou horizontale.
Il serait utile de rappeler clairement quelques principes:

  1. Comment identifier visuellement (mettre de préférence des exemples avec photos).
    2)Positions de la tête en lecture mécanique.
    3)Est-il possible d’utiliser un saphir ou un aiguille métallique dans les deux cas,quelle est la durée de vie,quelle est la pression?
    4)Les disques à gravure verticales sont-ils plus anciens?
    Merci,
    JJG

Pour résumer très brièvement :

  1. le sillon d’un disque à lecture verticale est comparable à une route rectiligne avec des creux et des bosses. Le sillon d’un disque à lecture latérale est comparable à une route qui tourne sans arrêt à droite et à gauche mais sans aucune déclivité. De plus le sillon d’un disque à lecture verticale est en U, celui d’un disque à gravure latérale est en V
  2. En lecture verticale, le plan du diaphragme est perpendiculaire au sillon. En lecture latérale, il est parallèle.
  3. Saphir et aiguille ne sont pas compatibles. Le saphir est arrondi pour épouser le profil en U des gravures verticales. L’aiguille est pointue pour épouser le profil en V des gravures latérales. Le saphir dit « inusable » finit par s’user quand même à l’usage… Les aiguilles doivent être changées à chaque disque (sauf si l’on a des Tino Rossi à achever !).
    La pression dans les deux cas est énorme, souvent plus de 100 grammes !
  4. Le principe de la gravure verticale est le plus ancien car utilisé pour les cylindres. Par contre, les premiers « disques plats » produits par Berliner étaient à gravure latérale. Les disques à saphir (Pathé et autres) sont un peu plus récents et prétendaient concurrencer le disque à aiguille. Ils ont eu un grand succès en leur temps, mais c’est le disque à aiguille qui a fini par gagner définitivement la bataille.

Reste à savoir comment identifier toutes ces variantes pour les personnes non spécialisées, puisqu’il y a risque d’erreur sur le choix des pointes.
Il est curieux de constater que c’est le premier système qui semble être le plus performant , puisqu’il utilise des pointes « inusables ».
J’ai posé cette question après avoir constaté à Orsay que les exposants « professionnels » de ces appareils donnaient des informations contradictoires.
Merci pour le début de réponse,
JJG

Bonjour,

Je tiens à ajouter un détail important pour ceux qui veulent écouter des disques à gravure verticale.

Certains pensent bien faire en utilisant un diamant usé pour lire ces disques sur une platine dont la cellule aura été câblée en vertical.

Ceci est une grosse erreur: même si le poids n’est que de quelques grammes, cela suffit pour user d’avantage le disque qu’avec un saphir normal. En effet, les 100 grammes du saphir ancien sont répartis sur une surface bien plus large que celle du diamant, donc au final il y a moins d’un gramme à surface équivalente à celle du diamant. De plus, la forme du diamant use d’avantage que celle du saphir qui est ronde.

En somme, on fait comme suit pour bien lire les saphirs: on récupère la petite boule de saphir qu’on colle à la cyanolite à la place d’un diamant genre Shure ou autre. Petit tuyau: prendre une allumette, la mouiller avec la langue, cela permet de prendre la bille de saphir et de la poser sur le support du diamant.

Pour terminer, n’utilisez surtout pas de bille de stylos BIC. Elle est en métal et sera rapidement usée (applatie). Sinon les aiguilles de phono ne s’useraient pas…

David.

Pour la lecture électrique, existe t-il dans le commerce des diamants qui ont le profil de cet ancien saphir, pour éviter cette opération délicate ?
Il n’y a toujours pas de réponse pour l’identification visuelle.
JJG

Expert Stylus en Angleterre fait ça, et on peut aussi utiliser leur saphir pour la lecture des cylindres 2 minutes.
On peut aussi récupérer le saphir d’une tête de phono à cylindre (mais c’est dommage de sacrifier une tête pour ça, mieux vaut avoir un saphir à cylindre en rab pour les disques, d’ailleurs ces saphirs sont plus fins et les lisent mieux).

Par contre Expert Stylus n’a pas de site web (nullissime). Ils sont cher mais font un travail de qualité et ont une réputation mondiale.

Sinon il y a la méthode empirique pour se faire son propre saphir, qui ma foi donne d’excellents résultats (même meilleurs pour les cylindres dans cetains cas).

  • Prendre deux morceaux de verre peu épais
  • En vous protégeant bien, chauffer les morceaux au chalumeau (ou à la cuisinière à gaz)
  • Lorsque les morceaux sont chauds (rouges), frottez-les ensemble en les laissant dans le gaz, et le verre se mélangera mollement aux extrémités
    radiofil.com/forum/viewtopic.php?p=22739#22739
  • Sortir les morceaux du gaz sans les détacher, puis tirez-les doucement pour qu’un fil de verre les sépare.
  • Lorsque le verre est assez refroidi, casse le fil aux deux extrémités.
  • Rechauffer une extrémité du fil au gaz, il se formera naturellement une petite bille au bout
  • Laisser refroidir, séparer la bille avec 2 ou 3 mm de fil en cassant net

Il ne reste plus qu’à essayer !!!

David.

Bonjour,
Si vous voulez abimer et rendre définitivement inutilisable vos vieux disques à saphir ou a aiguille… lisez les sur un appareil mécanique d’époque !
Si vous voulez éviter de tuer un patrimoine sonore et preserver pour les générations futures des disques parfois unique lisez vos vieux disques sur un appareil moderne c’est à dire utilisant l’électricité et l’électronique.
Daniel

Pour en revenir à la question initiale de JJ Gransard, comment -en pratique- le néophyte peut-il distinguer un disque à aiguille d’un disque à saphir ?
Très simple : s’ils ressemblent à ceux des photos ci-dessous, ce sont à coup sûr des disques à saphir. S’il n’y ressemblent pas, ce sont (avec 98,3 % de chances !) des disques à aiguille.
En cas de doute, un simple examen visuel du sillon permet de lever l’incertitude. Une observation comparée de ces deux types de disques révèle immédiatement leur mode de gravure même à l’oeil nu.
madelon.jpg
pochette.jpg

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Vous voulez lire des disques à saphir sans risquer de les détériorer ? Equipez votre tête de lecture moderne d’un diamant Shure N78S à pointe sphérique de rayon 64 µ et câblez comme il faut les sorties de la tête pour que les amplitudes haut et bas s’additionnent. (En lecture latérale de 78 tours, ce sont les amplitudes gauche et droite qui vont s’ajouter.) Ce n’est pas l’idéal mais c’en est suffisamment proche pour que le son soit correct et que vous ne risquiez pas d’esquinter vos précieuses « cires ».

Et puis, n’oubliez pas que la vitesse de lecture est mal définie. Pathé recommandait une vitesse comprise entre 90 et 100 tours par minute. Et surtout, rappelez-vous qu’à l’époque, les disques de ce type devaient être lus à partir du centre.

Quant à l’identification visuelle, elle a finalement peu d’importance. L’écoute vous renseignera immédiatement. Si votre tête est câblée dans le mauvais sens vous n’entendrez presque rien. Si elle l’est correctement, le son sera là.

Attention, ce ne sera pas de la Hi-Fi. Il faudrait aussi parler de la correction de gravure (ou plutôt de la nécessité de supprimer toute correction moderne). Mais ceci nous entraînerait trop loin.

MD
pathe.jpg

Justement, la photo du disque Madelon fait penser à un disque sillon horizontal (aiguille), alors que les suivants sont plus représentatifs des disques sillon vertical (saphir).
Il parait qu’un examen avec lumière rasante permet de lever le doute?
Pour ce qui concerne le patrimoine, je suis d’accord de lire les disques en bon état exclusivement en électrique, et d’utiliser le mécanique pour les disques deja dégradés.
Il reste une ambiguité pour le rayon du diamant puique Frédo préconise le même pour les deux gravures.
JJG

Comme je le disais, vous n’aurez pas de grosses différences auditives entre un diamant « parfaitement calibré » pour les disques à saphir et un diamant (comme le Shure) conçu pour les 78 tours. Et c’est un article courant que l’on peut trouver même dans les « bonnes » FNAC.

MD

Les disques à saphir sont presque exclusivement de marque Pathé, et pratiquement toujours de diamètre 30 cm. Les sillons semblent plus gros, moins profonds et plus serrés que sur les disques à aiguille. Effectivement, le style Shure N78S peut lire les disques à saphir même si ça « bagotte » un peu. Les disques à aiguille peuvent être lus avec n’importe quel bon électrophone des années 50/60 qui possédait une tête réversible avec les deux types de pointe de lecture, et surtout la bonne vitesse. Autrement, il faut transformer une platine HiFi genre Thorens à courroie avec une poulie plus grande adaptée à la vitesse 78 tours (80 tours pour les « saphirs » des années 1925/1930 commençant par l’extérieur).
Pour les disques usés, on trouve en Angleterre des pointes de différents diamètres pour lire le sillon « plus haut » que la partie usée située dans le fond du sillon. Pour l’anecdote, les discophiles anglais utilisaient des pointes en bambou qui respectaient les disques si bien qu’on trouve encore en Angleterre des 78 tours en très bon état.

Un exemple avec des photos serait utile.
Que pensez-vous d’un examen avec un éclairage oblique?
JJG

Oui, mais je n’ai pas de photos, hélas.
Sur les disques à saphir, on peut voir nettement que les sillons sont strictement parallèles et ne sont pas sinueux comme sur les disques à aiguille. de plus, la gravure apparaît nettement sous éclairage, en faisant varier l’angle de présentation du disque.
La personne qui a mis des photos aurait mieux fait de présenter les disques… sans la pochette :smiley:

Voila le maxi que je peux tirer de mon scan, mais avec une bonne loupe c’est encore plus évident que sur ces « photos » Cordialemnet daniel

Bravo pour les photos qui montrent bien les différences des deux gravures.
JJG

Les tailles de disques pathé sont 17cm, 19cm, 12 ou 24cm, 29cm, 35cm, 40cm et 50cm. Il est vrai que la plupart des disques saphir à étiquette sont des 29cm. Par contre c’est totalement faux pour les saphirs à étiquette gravée.

Je reprends le mauvais conseil de la Shure N78S sur les saphirs: même si le diamant est sphérique il est trop petit pour ne pas endommager le sillon. Au fure et à mesure que vous lirez les saphris avec ce genre de pointe vous abîmerez vos disques. Cela s’entend au bout du compte. Il est vraiment recommandé d’utiliser un saphir pathé d’époque monté à la place d’un diamant N78S. Expert Stylus le fait d’ailleurs, ils peuvent vous le monter, et les résultats sont vraiment excellents.

Enfin, j’insiste sur le fait que le poids et l’inclinaison du saphir de lecture (angles latéral et vertival) changent beaucoup la qualité de l’écoute. Comme il n’y a pas deux enregistrements faits avec les mêmes paramètres il faut toujours passer du temps si on veut repiquer un saphir dans d’excellentes conditions.

A ce titre, un ami (ex disquaire) a passé une semaine à choisir des diamants et cellules pour lire une série de 78T classiques destinés à une réédition en CD. Après de très nombreuses tentatives, il a fini par faire les transferts sur DAT. La maison de disque a pris les enregistrements sans les modifier tellement ils étaient excellents. Il faut dire que cette personne m’a bleuffé à plusieurs reprises, il y a même eu une fois où j’ai pris un 78T pour un microsillon tellement la lecture était bonne. Mais bon, je précise qu’il a un parc d’un peu plus de 50 cellules et diamants de touts types.

David.

Existe t-il un point de vente en France de ces fameux diamants pour disques à saphir ?
JJG

Boinjour,
Pour lire les disques à saphir on peut confectionier une pointe avec une pointe BIC collé à la cyanolite à la place du saphir d’une cellule microsillon.
Ce genre de pointe est en vente partout (stylo bille) pour environ 1 €.
Pour ce qui est du fournisseur anglais c’est évidement la meilleur solution mais c’est un petit artisant qui ignore l’internet et même le payement par carte bleue. Pour la commande il faut donc utiliser la poste, le téléphone ou le fax et pour le payement le transfert bancaire !
Daniel

Il faudrait donc que monsieur Winter tienne en stock quelques pièces.
Eventuellement, il faudrait avoir l’avis du constructeur des machines qui lisent électriquement les cylindres, puisque le problème est le même pour les sillons.
Une machine était à l’expo d’Orsay.
JJG