Je suis journaliste pour une société de production de films documentaires. Actuellement nous préparons un documentaire sur l’histoire du Minitel et ce que ce boitier a changé dans les interactions sociales. Nous sommes à la recherche d’anecdotes, des personnes qui ont trouvé l’amour grâce au Minitel, des communautés qui se sont rencontrées pour la première fois, des militants, des anecdotes qui permettraient de faire comprendre aux jeunes générations à quel point cet outil a été une révolution. Avec le Minitel, c’était les premiers échanges anonymes, mais aussi des services aux factures exorbitantes, qu’est-ce que ce boitier a changé dans vos vies ? N’hésitez pas à partager vos souvenirs ici, ou par mail à fpadoan@tsvp-prod.com.
Personnellement je n’ai jamais eu de Minitel (le terminal) mais j’ai eu un soft d’émulation sur PC. Je ne m’en servais que pour la fonction annuaire téléphonique (celle prévue au départ par France Télécom, elle était censée coûter moins cher à terme que les annuaires papier fournis aux abonnés). D’ailleurs lors du développement du projet le nom n’était pas encore « Minitel » mais « terminal annuaire ».
Philips Semiconductors / RTC avait développé un circuit d’alimentation à découpage spécifique au départ pour cette application (le TEA1039), il a été utilisé dans bien d’autres produits.
Perso j’avais une carte pour PC : la « LCECOM » qui permettait d’avoir le minitel en couleur sur PC. Le Minitel Rose, ou les sites de dialogue ou rencontre, en 3615, très cher, avaient des codes d’accès bien cachés en 3614, bien moins chers, qu’on se repassait entre utilisateurs une fois qu’un contact amical avait été noué…
J’ai connu le minitel à mon travail. Dabord le Minitel 10 puis le 12. C’était déjà du matériel d’avant garde. Mais seul l’accès au 3611 et 3614 étaient autorisés. Il y avait des services intéressants. Mais les souvenirs sont lointains et pas très clairs.
Pour tester le service un terminal raccordable sur la péritel d’un téléviseur avait été développé et une série de 3000 avait été produite pour une expérimentation à Vélizy.
C’est sans doute de là qu’est venu l’élargissement des applications à tout autre chose que l’annuaire téléphonique …
Deux anecdotes parmi d’autres mais désolé, c’est assez banal et très imprécis (pas de noms).
1/ J’ai connu une personne (milieu des années 1980), jeune (la vingtaine), qui avait monté un serveur vidéotex (programmé par lui-même en assembleur) qu’il hébergeait dans son appartements. Il avait de mémoire deux lignes louées à 48kbps ou 64kbps (ça coûtait cher à l’époque) justifiée par le fait que ses services étaient très fréquentés et utilisés. Il était considéré par Transpac comme un très bon client.
Les cartes réseaux utilisées étaient fabriquées par la société française OST qui deviendra leader européen dans les équipements de communications X25 (société revendue à une société canadienne fin des années 1990-début 2000).
De mémoire, il proposait (entre-autres) un service d’échange de fichiers ce qui lui a valu une descente de la DST : son système était utilisé pour échanger des programmes piratés et peut-être d’autres choses. Ca s’est bien terminé pour lui. L’histoire ne dit pas ce qui est arrivé aux contrevenants.
Je ne sais pas ce qu’il est devenu mais à l’époque, il gagnait très bien sa vie par la grâce du système de tarification du service Teletel.
2/ à la même époque, un de mes collègue avait (précédemment) travaillé dans une (grande) SSII qui exploitait des services Vidéotex. Évidemment, il y avait du Minitel Rose et il s’agissait d’une activité très rentable. D’autant plus que les (forcément) jeunes femmes supposées faire la conversation étaient pour la plupart les barbus d’une école d’ingénieur voisine qui venait se faire un peu d’argent de poche en soirée. Je dis « barbus », en fait, je n’en sais rien. Mais ce n’était pas de jeunes femmes et ça m’a toujours amusé d’imaginer des barbus jouer les donzelles derrière leurs claviers.
J’ai bossé à l’époque pour Steria Système qui était à Vélizy et partenaire du projet. Au développement de leur produit « Videopac », destiné à équiper des serveurs. Vieux souvenirs
Il faut savoir que pas mal de sociétés françaises de service en informatique d’aujourd’hui on commencé leur histoire a l’époque du minitel et avec cette technologie, soit en développant des sites, des applications ou meme en exploitation des services sur Minitel.
L’exemple le plus emblématique est sûrement Xavier Niel a fait d’abord fortune avec des sites roses.
Comme quoi meme si le Minitel a été un flop du point de vue de la technologie, ça a quand meme permis a développer un tissu industriel et économique dans le domaine de l’informatique en France.
C’est la mode de sortir ça depuis quelques années. Il faudrait déjà commencer par donner les critères de la flopitude (désolé pour ce néologisme, c’était trop tentant).
Dans les faits je pense que le fait d’avoir développé cette technologie a ete une bonne chose, pour les raisons citees dans mon dernier message.
J’ai utilisé ce mot de « flop » dans la mesure ou on n’a pu exporter cette technologie car elle est arrivée probablement trop tôt et que nous français avons toujours du mal a vendre nos idées en dehors de l’hexagone.
Interview de M. Gérard Théry - Directeur Général des Télécommunications honoraire, par le journal Économie Matin le 29 juin 2012, à la veille de l’arrêt du système Télétel/Minitel.
Steve Jobs s’est largement inspiré du Minitel
C’est une idée reçue (mais c’est tellement bon de se faire du mal).
A une autre époque, on expliquait que le Minitel avait permis à la population d’être plus réceptive à l’Internet. De mon point de vue, c’était aussi une idée reçue.
Fin des années 90 , chez Alcatel Contracting , il y avait des minitels dans tous les secrétariats et bureaux des directeurs .
C’est le département " informatique " qui en gérait le parc .
Moi en plus de mes attributions responsable des achats et du magasin " telecom " , je gérais le parc des télécopieurs !
Quand ils ont été retirés du service , je ne me souviens plus exactement quelle année ? , mais fin des années 90 , ils été entreposés au sous sol puis pour la plupart ensuite évacués ou donnés au personnel j’en ai récupéré deux ou trois que j’ ai encore ( photos plus haut )
J’ en avais mis un chez mon père pour qu’ il puisse suivre le cours de ses actions , et aussi la météo .
Bien sur j’ en avais aussi un à la maison .
Je crois qu’on pouvait aussi consulter l’ annuaire téléphonique , son compte bancaire , etc, mais je ne sais plus bien .
C’était juste avant l’ arrivée d’ internet
L’un des problèmes c’est que le Minitel a été distribué aux abonnés sans explication ni mise en service . J’avais des clients qui avaient le Minitel, … mais pas de prise en Té pour le brancher : leur téléphone (S63 ) étant relié par une rosace !