Bonjour,
Je cherchais un géné de fonction pour remplacer/compléler mon Tektro FG501. Ce dernier fonctionne bien car je l’avais révisé, mais son ergonomie est désastreuse ! La miniaturisation fait que les connecteurs et boutons se touchent presque et les inscriptions sont illisibles. Ceux qui en possèdent comprendront !
De plus, avec deux génés de fonction, on peut effectuer un balayage en fréquence. C’est appréciable pour visualiser une bande passante audio, par exemple.
Après quelques recherches, je sui tombé sur ce géné Tekelec-Airtronic TE500A sur LBC, vendu à petit prix pour pièces car il avait plusieurs pannes.
Parmi les pannes déclarées, la face avant cassée, la commande de fréquence inopérante et l’absence de signaux en sortie.
La face avant cassée semble être une panne courante sur ce modèle. En témoigne la photo du GL, récupérée sur un site de vente, avec deux éclats sous les boutons du haut.
Vue la date de fabrication, et la doc disponible, je me suis dit que c’était une électronique des années 60-70 facile à réparer. Et ce fut bien le cas.
De plus, c’était un appareil professionnel, donc avec des performance au top. Mais là, je me suis trompé !
Première étape de la restauration : faire la liste des réparations.
La face avant cassée nécessite un remplacement, donc une refabrication artisannale. Un travail assez important que j’entreprendrai seulement si la remise en état globale est possible.
La commande de fréquence inopérante est due à la ficelle du cadran cassée qui bloque l’axe du potentiomètre. Le potentiomètre multitour est en bon état à priori.
L’absence de signal en sortie est confirmée.
Deuxième étape : réparer l’électronique pour avoir un signal en sortie.
L’électronique est accessible en enlevant les 4 capots vissés. Constat : une alimentation interne +12V est bien faible et son transistor régulateur est très chaud. En faisant le tour des circuits imprimés, un ampli op (A0 dans la nomenclature) est également très très chaud. Je le pensais HS et en court-circuit. Cet ampli op fait office d’oscillateur intégrateur, en conjonction avec deux comparateurs et une bascule, comme dans la plupart des génés de fonction analogiques.
Après vérification, il est apparu que cet AOP était mal positionné sur son support.
L’ergot aurait dû se trouver en face du repère blanc sur le support.
Après avoir corrigé ce point, l’oscillateur s’est mis à fonctionner et l’alimentation +12V a retrouvé sa valeur nominale. L’AOP n’était pas mort !
Donc l’appareil fonctionne ! Il y a encore beaucoup de contrôles et réglages à effectuer, mais on peut passer à l’étape suivante qui est la réfection de la face avant.
C’est une plaque massive de 3 mm d’épaisseur en matière plastique sérigraphiée et peinte + une plaque de bakélite de 0.5 mm collée à l’arrière pour protéger la peinture.
Pour lui conserver son aspect d’origine, je compte la refaire en faisant un sandwich de 3 plaques :
- une plaque d’acier de 1.3 mm peinte en gris. Assurera la solidité pour éviter une re-casse ultérieure, ainsi que la couleur du fond de face avant.
- un film transparent que je compte imprimer pour remplacer les sérigraphies que je ne sais pas faire autrement.
- une plaque de verre synthétique de 2.2 mm d’origine Leroy-Merlin, matière exacte polystyrène (ROBEX code barre 4004708110111). Pour assurer l’aspect extérieur.
Beaucoup de travail pour mesurer les dimensions et faire les plans sous Visio. La moindre erreur pourrait empêcher les boutons à touches de coulisser correctement.
La tôle peinte :
Le verre :
Le film transparent imprimé (posé sur une feuille blanche) :
Résultat:
Ensuite, remise en état du cadran et de sa ficelle, étape indispensable avant de remonter la face avant.
Avant :
La ficelle du cadran a été remplacée par une plus fine (). Un ressort a été ajouté, ainsi qu’un blocage à vis. Je ne sais pas comment c’était monté d’origine. Je l’ai eu avec la grosse ficelle cassée et bloquée.
() la ficelle plus fine se traduit par plus de tours du potentiomètre pour faire défiler l’aiguille sur le cadran. Cette différence n’était pas ajustable par ailleurs pour faire correspondre fréquence et cadran. Il a fallu jouer sur la résistance de pied pour compenser.
Après :
Ensuite, remontage de la face avant.
L’étape suivante, c’est la révision complète avec réglages selon la procédure du manuel de service.
Le début de la procédure s’est bien déroulé. Il a fallu remplacer la résistance de pied du potentiomètre de fréquence par un potentiomètre ajustable pour compenser la démultiplication différente du cadran.
Il y a eu ensuite un problème au niveau de l’ampli de puissance. Il ne fonctionnait que pour les niveaux faibles et écrêtait l’alternance positive à fort niveau.
Il est apparu que l’étage de filtrage de l’alimentation +25V fonctionnait mal (Q36 2N1613).
Les tensions ±31V au lieu de ±25V sont « normales » car ce sont des alims non régulées.
La tension de 10.4V est incorrecte. Il devrait y avoir environ 29V, et le transistor est froid. Je suspecte que le transistor est mort et/ou en court-circuit. En fait il manquait un bout de piste de cuivre au niveau du collecteur. Après réparation cet étage fonctionne et délivre bien 29V.
Malheureusement, l’ampli ne fonctionne plus du tout. Il sature à +20V environ.
La faute au premier étage différentiel, dont les deux transistors sont bloqués à +21V sur les deux collecteurs. Leurs émetteurs sont également à +4V au lieu de -0.7V. Ils sont dans les conditions pour être bloqués, mais ils conduisent !
Après vérification, ce sont des 2N2369A qui ont un VCE maxi de 15V, et en fait ils conduisent un peu comme des Zéners car ils devraient avoir un VCE calculé de 21V si tout se passait bien. Comme ce ne sont pas les références qui apparaissent en nomenclature, je regarde ce qui aurait dû être monté : 2N3646. C’est un équivalent du 2N2369A, qui ne supporte pas plus de 15V également. Donc une erreur de conception. Cet ampli ne peut pas fonctionner en l’état.
J’ai regardé ce que j’avais comme transistors de remplacement avec un VCE supérieur à 60V dans un premier temps. Uniquement des transistors haute tension avec une fréquence de transition bien plus faible, et une amplification en courant plus faible également. Le meilleur candidat était le MPSA42. Finalement, j’ai opté pour le 2N2222A qui ne supporte que 40V, mais avec ses autres caractéristiques proches du 2N3646. 40V étant nettement supérieur aux 21V calculés, ça devrait passer.
Effectivement, après remplacement, l’ampli fonctionne. Le réglage de la contre réaction a été un peu délicat. Il avait tendance à accrocher lors de l’alternance négative.
Quelques résistances ont été remplacées pour cause d’erreur de conception : puissance insuffisante.
Ces résistances avaient apparemment déjà été remplacées. Le circuit imprimé est partiellement brûlé et les nouvelles résistances avaient déjà pris des couleurs suspectes !
Il s’agit de R152, R153 et R154, que j’ai remplacé par des modèles plus puissants.
Des radiateurs ont été ajoutés sur les transistors Q43 et Q44 qui chauffaient beaucoup également.
Etape suivante : remplacer l’éclairage à incandescence, qui chauffe et est dangereux, par des LEDs à haute luminosité.
Dangereux : les lucioles sont montées en série et branchées en direct sur le secteur !
Montage d’origine avec le secteur sur les fils dénudés et sur les deux grosses résistances chutrices.
On passe de 120V 42mA à 12V 12mA avec 4 LEDs jaunes à haute luminosité. Soit 4W d’économisé et moins d’échauffement dans l’appareil.
Les LEDs sont des:
HuiYuan 6834Y1C-LSA-E vendues par CONRAD code 001603114.
L’alimentation 12V est prise en sortie de la régulation « -12V », ou plutôt du deuxième « +12V », qui n’était pas utilisée, et issue d’une erreur de conception.
Explication: le concepteur avait utilisé un bloc comprenant deux régulateurs +6V et +12V. Il a dû se dire qu’en recopiant ce bloc, il pourrait faire du -6V et -12V. Mais non ! En mettant la sortie 6V à la masse, il obtient bien du -6V sur la masse locale, mais le 12V devient du +6V. Mon explication n’est pas forcément claire, et j’ai aussi mis un certain temps à comprendre. Voir le schéma des alims figurant dans le manuel de service.
Au niveau mécanique, il y avait un filetage foiré, une visserie dépareillée et pas toujours adaptée, et un montage « impossible ». C’est-à-dire que certains écrous sont inaccessibles. Pour corriger ce dernier point, j’ai dû fabriquer des écrous flottants alu/PVC collés à leurs positions.
Aspect final de l’appareil en service …
… par comparaison avec un appareil d’origine
L’éclairage à LEDs paraît moche, mais c’est à cause de l’appareil photo. Vu en direct, c’est très peu différent de l’éclairage à incandescence.
Bilan :
Un appareil professionnel des années 60-70, mais d’une conception décevante avec des erreurs flagrantes.
Les performances en stabilité et en jitter sont mauvaises.
On voit très bien au scope le jitter (modulation de la fréquence / phase) par le 50Hz du secteur , pourtant les alimentations sont conformes en terme de niveau d’ondulation.
Du côté stabilité en température, c’est mauvais. Les alimentations, qui servent aussi de tensions de référence, ne sont pas stables en température. Donc également les amplitudes et fréquence. La faute encore à la conception olé olé. Les alimentations sont régulées mais avec des composants qui ne sont pas stables en température, et mal choisis.
Bon, je critique Tekelec, mais j’ai trouvé le même genre d’erreurs de conception en réparant une alimentation Tektronix PS502.