Étalonnage ondemètres Ligne Maginot 1939-40 : réaliste?

Bonjour !

Mon grand-père m’a raconté lors d’entretiens enregistrés son travail comme spécialiste radio dans le 18ème Génie (Cie 204R). Je fais un document pour la famille mais j’aimerais être au plus juste dans la description technique que j’en ai tiré. J’ai quelques notions sur les harmoniques etc … mais j’ai dû mal à comprendre le rôle du poste anglais (en dehors de connaître sa fréquence exacte), y a-t-il une histoire de modulation avec un de leur propre émetteur ? Quel était le rôle de l’ondemètre pour le radio d’un ouvrage ? contrôler la fréquence ? Je vous serais très reconnaissant de m’éclairer et idéalement de m’aider à corriger les erreurs techniques de mon texte que je pourrais actualiser .

Le lendemain matin, notre travail a commencé. Le problème était simple en apparence : il fallait aller dans chaque ouvrage, recueillir leurs ondemètres - car il pouvait y avoir plusieurs postes dans les plus gros -, leur laisser le nôtre, préalablement réglé, et revenir étalonner le nouveau à Mainbottel, pour le rendre à l’ouvrage dès que possible. Cela n’était pas compliqué en soit. Seulement, l’étalonnage en lui-même était un travail très difficile. Il fallait avoir une fréquence de référence et, à partir de là, comparer avec l’ondemètre de l’ouvrage en comptant les harmoniques ; bref, c’était complexe ! On obtenait ainsi des courbes de correction qui permettaient l’étalonnage. Nous savions à peu près tous de quoi il retournait, et c’était un travail assez long parce qu’il fallait recommencer l’opération pour chaque ondemètre.
En ce qui concerne la fréquence de référence, tout le monde est rapidement tombé d’accord pour se fixer sur un poste anglais connu que l’on choisirait. Il y a aussi eu immédiatement un problème : la faible qualité des postes à notre disposition. C’est Laurier, étant le plus gradé de nous tous, qui a endossé la responsabilité de pratiquer ce qui s’appelait dans l’armée du sabotage !
Il a décidé de modifier complétement les postes (récepteurs ? emetteurs ?) mis à notre disposition. Nous sommes allés acheter dans le civil du matériel américain, beaucoup plus moderne, en particulier des lampes de plus forte puissance, ce qui nous a permis de fabriquer, à partir des postes de départ, des machines très performantes. Nous avons choisi ensuite un poste de radiodiffusion anglais que l’on recevait très bien, et surtout dont on connaissait la fréquence précisément. On se fichait d’ailleurs éperdument de ce qu’ils pouvaient bien raconter, du moins quand nous étions au travail.
Ensuite, il a fallu étalonner notre ondemètre, que nous pourrions prêter dans les ouvrages pendant que nous opérerions sur le leur.

[…]

Le travail au labo était tout autre, quoique très répétitif. Dès que nous étions ré-veillés, l’un de nous commençait à faire chauffer l’émetteur ; et quand la puissance était suffisante, on faisait un mélange avec la fréquence du poste anglais et on commençait à compter les harmoniques. Nous commencions notre travail d’étalonnage avec l’appareil ramené la veille d’un ouvrage par plusieurs d’entre nous. Le travail de comparaison était long et plutôt fastidieux : nous recommencions plusieurs fois de suite en vérifiant mutuellement nos calculs. Il ne fallait pas se tromper et la marge de manœuvre était étroite. Nous finissions, après de nombreuses heures, par obtenir les tableaux et les courbes de correction tant désirés et nous pouvions alors réétalonner l’ondemètre étudié.

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tout a fait
la procédure décrite avec un seul émetteur ( anglais ) servant d’étalon primaire et parfaitement logique
et il était important que les ondemètres ( étalons secondaires ) soient parfaitement étalonnés pour que les émetteurs des divers ouvrages aient des fréquences bien définies ( et ne se gênent pas)
l’ondemètres était le moyen de mesurer exactement la fréquence d’émission de l’émetteur de la casemate
le principe de l’étalonnage par harmoniques est ce que l’on savait faire de mieux a l’époque
si la fréquence fondamentale est connue exactement sa suite d’harmoniques l’est aussi car ce sont des multiples entiers de la fondamentale

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Pour déterminer le rang de l’harmonique on décalait la fondamentale de disons 1kHz si l’harmonique
bougeait de 7 kHz c’était le septième.
J’ai pas fait de guerre mais j’ai joué a ça en hyperfréquences.
Un emetteur anglais commode a été longtemps sur 200kHz avant de passer sur 198.
Un ondemètre est un appareil passif assez peu précis.
C’était pas plutôt un BC221 qui lui était un fréquencemètre actif avec son fameux livret d’étalonnage.

A mon avis, ça parait douteux.
Le BC221 a été introduit en 1941 d’aprés ce qu’on peut trouver, la ligne Maginot c’était de la fin des années 30 à mai 1940.

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Il faut savoir que les communications radio françaises étaient très en retard techniquement par rapport aux Allemandes et surtout Américaines

ça a condition de pouvoir mesurer a 1 Hz près la fréquence ce qui était loin d’être le cas sur le terrain…
peut être en labo de mesure bien équipé , mais sans toute pas dans l’armée française a cette époque

Les ondemetres utilisés dans l’armée Francaise fonctionnaient en emission et reception

Il faut bien se rendre compte que l’utilisation de bigrilles dans beaucoup de recepteurs et d’oscillateurs libres à un seul étage en guise d’emetteur nous classaient au niveau de la préhistoire :joy:
Les Allemands étaient bien plus en avance et leurs appareils étaient si precis qu’ils ne nécessitaient pas d’étalonnage , techniquement on était totalement dépassés……

exact j’en ai un ou l’émission est assurée par un buzzer et une pile
, bonjour la précision …
il devait nécessiter un livret d’étalonnage et encore la fréquence émise varie avec le réglage de la note du buzzer

J’ai deux ou trois exemplaires dans ma collection , certains comme les modèles de LPE sont magnifiquement conçus
Ils etaient amplement suffisants pour étalonner des detectrices a réaction et des emetteurs à oscillateur libre …… on n’était pas à 100kHz ou 1 MHz près ! Le seul appareil « moderne » et pratique de la ligne Maginot reste encore le fameux ER40 trés pratique à utiliser et très fiable en dépit de ses ….A409
Par chance on avait des téléphones de campagne et les communications entre les chars se faisait principalement avec des fanions (pas pratique la nuit) :grin:

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Bonjour, juste sur le point du retard de l’armée française, effectivement mon grand père disait je cite (c’était juste après sa capture):
j’ai vu deux radios allemands sur un poste de campagne et j’ai été amèrement surpris : ils avaient des appareils très modernes, avec des [???] à quartz. La communication se faisait immédiatement et l’un des interlocuteurs pouvait interrompre l’autre avec une facilité déconcertante, et lui demander de répéter.

Avant d’être aux services de dépannage, il était radio dans un observatoire, il dit :
Avec ces engins, on ne peut pas réellement communiquer directement, il y a un temps de réponse assez long et de nombreux réglages à effectuer avant de pouvoir démarrer une liaison. Pour prendre contact, il faut émettre, attendre que l’autre entende et réponde, et progresser ainsi de proche en proche jusqu’à être sur la même longueur d’onde. Alors, c’est lent. Dans le civil, on pouvait se procurer du matériel un peu plus moderne, quand j’étais artisan.

(phrases reconstituées à partir des enregistrements là encore j’espère être fidèle sur le plan technique)

On peut ajouter que les seuls quartz utilisés l’étaient pour vérifier la calibration des récépteurs ,
depuis longtemps les teutons savaient faire des oscillateurs variable ultra stables compensés en température , maitrisaient les selfs imprimées sur stéatite et se passaient au maximum des sempiternels quartz dont l’approvisionnement aurait été difficile avec l’embargo
Nb: on lira avec intéret l’ouvrage d’Aimé Salles sur les équipements Français , l’ouvrage de G.Giniaux https://archives.doctsf.com/documents/afficher_document.php?num_doc=91718&num_fic=1 et le site de LA6NCA sur les équipements militaires Allemands

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*Juste pour bien comprendre (profane…) , l’ondemètre servait à régler précisément le poste d’émission ou de réception dans l’ouvrage ? ou les deux ?

*Et comment commençait la discussion ? On émettait en morse en clair sur une fréquence prévue à l’avance (j’ai vu dans un carnet AAA ou FA (Faites appel)) et l’autre répondait et ainsi de suite ?
L’intérêt d’étalonner précisément la fréquence était de tomber directement sur l’autre sans avoir trop tatonner et ajuster les réglages pour rejoindre exactement la bonne fréquence ?

si l’ondemètre était actif on pouvait s’en servir pour régler un récepteur comme un émetteur
s’il était seulement passif on s’en servait uniquement pour régler l’émetteur
divers ondemètres

( il faudrait que j’y mette les miens)

Les deux , et on était pas obligé de répéter l’opération tous les jours (quoique ….) et les communications se faisaient en alternat , lisez le bouquin de Giniaux , c’est très bien expliqué page 495 et suivantes

il me reste un marconi a remettre en etat

Pourquoi 1 Hz ?

On cherche plutôt à détecter une déviation de 1kHz à mon avis, pour l’exemple donné.

Le dernier que j’ai trouvé ,

Malgré le démulti Wireless il ne faut pas espérer mieux que 100 kHz
Et un autre type d’ondemètre , l’ondemètre a absorption (us army 1940) avec une précision équivalente

Bonjour,

Tout d’abord merci à tous pour ce fil très instructrif pour moi. J’ai également consulté le livre proposé par F6CER qui effectivement colle parfaitement au contexte (calage du réseau etc…)

En conséquence, j’ai essayé ci-dessous de résumer la problématique des ondemètres dans la ligne Maginot et le rôle notamment de mon grand-père à direction de profanes (ma famille).
Merci de mettre en lumière mes erreurs (probables) de compréhension sur les différentes lignes en particulier les dernières plus incertaines. Merci d’être indulgent car je suis techniquement ignare au départ, je voudrais juste être exact techniquement dans ma description, ce que j’écris ne sont pas des affirmations mais quelque chose que je souhaite rendre exact !

  1. Pour « caler » un réseau sur la ligne Maginot, il fallait rejoindre (émetteurs et récepteurs) une même fréquence (prédéterminée) et à des heures fixes (en dehors de combats ou d’alertes bien sûr)
  2. Il faut donc s’assurer régulièrement que les fréquences affichées par les postes d’émissions ou de réceptions sont identiques, ou au moins très peu éloignées pour éviter les longs tâtonnements: c’est le rôle de l’ondemètre, étalon secondaire.
  3. Les ondemètres de leur secteur étant tous faux d’après mon grand-père, ils étaient ramenés dans leur « labo » pour être étalonnés en échange du leur, en attendant.
  4. La méthode d’étalonnage consistait d’abord à capter une fréquence bien définie d’un poste anglais (exemple 200 kHz) - étalon primaire (en n’utilisant pas la voix de la station bien sûr mais un point de tension de leur circuit récepteur j’imagine ??)
  5. Ce signal (porteuse) était « mélangé » par modulation d’amplitude (circuit multiplieur ?) avec un signal émis par les dépanneurs (exemple 1kHz)
  6. On obtenait donc comme un signal contenant les fréquences : 1 Khz (signal émis par les dépanneurs), 200 kHz (poste anglais, porteuse, pas présent avec un multiplieur je crois)), 199 kHZ et 201 kHz (signaux modulés) et idem pour les harmoniques du postes anglais (399 et 401 kHz, 599 et 601 kHz etc…)
  7. On bougeait la fréquence x de l’émetteur jusqu’à trouver un « battement » sur l’ondemètre (ils détectaient ainsi les harmoniques 200+x, 400+x, les unes après les autres)
  8. « On obtenait ainsi des courbes avec tous les points de contacts » (je cite). J’imagine qu’il s’agit d’un diagramme d’amplitude des harmoniques avec les valeurs « relevées » par l’ondemètre qui étaient écartées de ce qui auraient dû être (théoriques)
  9. On obtenait après (comment ?) des tableaux et des courbes de correction dites « courbes d’étalonnage » (?) qu’on « rentrait » dans les ondemètres (là encore comment ?)

Je suis plus qu’incertain dans ce que je raconte depuis le point 5… voire même je suis à côté de la plaque ? Je corrigerai au fur et à mesure les points faux

Merci d’avance !