Re,
Voici un copier-coller de mon explication sur l’utilité de ces transistors, en lien avec les différentes versions de décodeurs Canal+ de l’époque (Discret 11 puis Syster) et les perturbations SECAM rencontrées à ce moment-là :
Les fabricants de téléviseurs devaient souvent s’adapter aux spécificités des signaux TV. Canal+ compliqua à maintes reprises la tâche des industriels. Si le système était rigoureux en théorie, la perfection restait une exception en pratique.
Le décodeur de première génération Discret 11 (1984 à 1995) était directement compatible avec le module RVB Synchro 29504-165.53, qui n’avait besoin d’aucune correction supplémentaire pour traiter le SECAM. Le SYSTER (1992 à 2011), de deuxième génération, fut, lui, susceptible de perturber l’identification SECAM via le retour ligne, rendant parfois cette reconnaissance impossible. Grundig proposa alors la déclinaison 29504-165.58 qui, compte tenu de la version de l’époque du TDA 9160, rajouta un ensemble de composants (Option A sur schéma) dont le but était de contourner le problème. Un courant était injecté via T 5036 sur la broche 21 du TDA 916X, provoquant un décalage temporel dans la synchronisation et donc dans l’identification du signal chroma. De plus, le niveau de tension d’alimentation était appliqué à la broche 22 via T 5033 et D 5033, désactivant ainsi le « chroma killer » interne. Cette fonction spéciale n’était activée que si l’identification de la chaîne SECAM (également en AV) était saisie et si la fonction de désembrouillage était activée en réception HF. Par contre, si la base de connexion M n’était pas branchée, le téléviseur présentait des dysfonctionnements (synchronisation pratiquement impossible), car une tension d’environ 5V était nécessaire sur le contact 2 de la base M pour définir la norme TV.
Dans les versions ultérieures (option B sur schéma), le circuit périphérique de T 5036/T 5033 fut remplacé par une manipulation bien plus simple du TDA916X. Avec cette méthode, l’ajustement du point de fonctionnement du démodulateur SECAM, décrit précédemment, ne fut modifié que pendant la transmission des impulsions d’identification SECAM sur le retour ligne du signal FBAS. Le condensateur de stockage C 5034 (100nF), relié à la broche 32 du TDA916X, recevait une tension de correction légèrement inférieure à 20 mV via une résistance en série. Le circuit à transistors en deux étages T 5036 et T 5037, doté d’une étape de différenciation, garantissait que la correction n’était appliquée que pendant la période de suppression ligne et non durant la suppression trame, afin de ne pas fausser le processus d’étalonnage. Ainsi, l’amélioration de l’identification SECAM était transparente, sans paramétrage spécifique, sans connexion supplémentaire entre le processeur et le TDA916X, et sans intervention particulière de l’utilisateur. Cette dernière évolution concerna les modules RVB Synchro 29504-165.55(16.9)/60/61…
Hélas, avec l’option B, il arriva parfois que le remède soit pire que le mal. Il fallut alors désactiver la fonction en shuntant simplement R5039 (47 ohms) ou revenir à la version 29504-165.53. Par ailleurs, le TDA 8395, associé au TDA 8376 ou au basique TDA 8362A, fit aussi l’objet de modifications, cette fois maîtrisée, éliminant d’autres perturbations induites par ce type de cryptage (sources Grundig Allemagne et mon stage avec Bernard Lefort).
Rappel du principe de fonctionnement du décodeur Canal+ Discret 11 (D11)
Ce procédé brouillait l’image et le son pour rendre les programmes inaccessibles sans abonnement. Côté vidéo, il combinait deux protections :
► Décalage des lignes : certaines lignes du signal FBAS étaient retardées de 0, 902 ou 1804 nanosecondes (décalage de 0,1/64 ou 2/64 de la durée d’une ligne TV), entraînant une désorganisation perceptible de l’image selon un schéma défini. Ce processus reposait sur des signaux de synchronisation détectés sur les lignes 310 et 622. La première déclenchait le déchiffrement toutes les six trames, tandis que la seconde déterminait l’un des six polynômes servant à initialiser le générateur pseudo-aléatoire. Ces polynômes, liés aux niveaux d’audience, segmentaient les abonnements. Toutefois, cette fonctionnalité ne fut activée qu’en septembre 1986 avec l’introduction d’une contre-mesure anti-piratage.
► Inversion de la chrominance sans affecter la luminance : une inversion de phase à des moments précis « ruinait » les couleurs sans le bon algorithme.
Le son monophonique était également brouillé par inversion de phase et transposition de fréquence à 12,8 kHz, rendant l’écoute impossible sans traitement spécifique.
Le décryptage final reposait sur une clé secrète transmise aux décodeurs autorisés, leur permettant de corriger la phase chromatique, réaligner les lignes et restituer le son. Chaque abonné recevait par courrier postal un code mis à jour le premier lundi du mois à 9 h, qu’il devait saisir sur le clavier de son Discret 11. Chaque décodeur, programmé avec un numéro de série unique, disposait ainsi d’une table de codes spécifique. En cas d’échange SAV, un nouvel appareil était automatiquement pris en compte grâce à ce numéro, garantissant la continuité de l’abonnement.
le schéma de la famille de modules RVB Synchro se télécharge ici.
Je te rappelle que tout est disponible sur la page Grundig passion 1993/94.
Ma description du décodeur D11 est sommaire et vise simplement à donner un aperçu, sans prétention technique. Je l’élabore avec les quelques neurones encore en service dans mon petit crâne…
Bien cordialement,
RVB