Europe 1 fête ses 60 ans. Hier sur La 5 Il y avait une émission assez bien faite sur cette histoire jusqu’à aujourd’hui. La préhistoire d’Europe (la période de Charles Michelson) était cependant comme d’habitude obscure. C’est la première fois que j’entends parler d’une faillite de Michelson. Selon le livre de Luc Bernard « Europe 1 La grande histoire dans une grande radio », il se retire en mars 1955 poussé dehors par une campagne haineuse (peut être un peu antisémite si on lit entre les lignes) organisée par des hommes politiques et la Presse écrite. Il aurait vendu ses parts d’Image et Son pour 275 millions à la « Société Monégasque de Banque et des Métaux Précieux » ce qui n’est pas exactement une faillite. Wikipédia donne quelques autres détails mais essentiellement sa source semble ce même livre.
Il y avait un site sur l’histoire récente de Monaco qui donnait de nombreux détails sur les relations complexes entre la France, Monaco, le Prince Rainier et Michelson mais ce site semble avoir disparu. Il reste quelques bribes difficiles à lire sur un site d’archive : archive.is/idX1E
Pour revenir à la technique, l’émission signale l’histoire souvent reprise de la première émission d’Europe N°1 le 1er janvier 55. La station doit s’arrêter d’émettre au bout d’une demi heure car elle brouillerait le radio phare de l’aéroport de Genève Cointrin. Luc Bernard précise que la station émettait ce jour là sur 240 kHz.
Cette histoire vous parait elle plausible ou s’agissait il déjà d’un prétexte pour tenter de s’opposer à une nouvelle station privée ? Qu’elles sont/étaient les fréquences des radiophare ?
Oui, Wikipédia donne la bande 283.5-325 kHz à laquelle se rajoute depuis 1970 seulement la bande 325-405 kHz spécifiquement pour l’aéronautique. On ne sait pas qu’est ce qui était perturbé mais on peut supposer,s’il y a eu réellement perturbation, que c’étaient les récepteurs à bord des avions.
L’émetteur de la Sarre était construit par Thomson selon Luc Bernard, il était surement conçu selon les règles de l’art. Pourquoi un émetteur commercial à 240 kHz aurait il rayonné à des fréquences déjà éloignées. Peut être un phénomène de fréquence image dans des récepteurs peu protégés. Les fréquences intermédiaires de ces récepteurs n’avaient pas de raisons d’être plus hautes que les fréquences reçues comme c’est le cas des GO sur les récepteurs grands publics et étaient donc probablement sensibles à ce phénomène. Un émetteur de 400 kW proche pouvait aussi saturer les étages HF sélectifs mais dans ce cas Europe 1 n’aurait jamais pu trouver de fréquence non pertubatrice et radio luxembourg qui n’est pas si éloignée aurait également pu perturber la réception.
Beaucoup d’infos avec « NDB » : Non Directional Beacons.
Je crois plus à des brouillages d’autres stations en GO (comme il y en a eu en Finlande, au Danemark, en RFA) qu’à un brouillage de réception des NDB mais en GO, il y a de curieux phénomènes de propagation (cf. le fameux « Effet Luxembourg »)…
Oui, ces brouillages d’autres stations sont attestés et expliquent les nombreux changement de fréquence de la station pendant plusieurs mois. Ce ne serait qu’en mars 55 que l’émetteur aurait été calé sur les fameux 1647 m. J’ai de très vagues souvenirs de cette valse du nouvel émetteur tout le long du cadran. Il faut dire que dans mes souvenirs de très jeune Parisien de cette époque, la réception des grandes ondes, lorsqu’on habitait dans un appartement, était quasi impossible avec le vieux récepteur familial mal entretenu branché sur quelque dizaines de cm de fil. Il y avait encore beaucoup d’ateliers et de petites usines à Paris engendrant une masse de parasites industriels. Les tout premiers appareils électroménager commençaient à équiper les foyers et étaient également redoutables (les moteurs à charbons des aspirateurs étaient terrifiant). Dans ces conditions, si on ne possédait pas un de ces récepteurs de luxe avec cadre à air incorporé, la seule solution était un cadre antiparasite posé par dessus l’ébénisterie. Les PO étaient beaucoup moins polluées que les GO par les parasites industriels et étaient en ville la gamme de réception privilégiée. La situation était peut être différente dans les campagnes.
Il me semble qu’on a pas assez remarqué que l’innovation technique qui a permis la réception raisonnable des GO en ville a été l’apparition de ferrite à coût suffisamment bas pour pouvoir intégrer un cadre orientable à l’intérieur des radios bon marché. Cette innovation qui a bizarrement coïncidé avec l’arrivée d’Europe N°1 a profité aussi à son concurrent Luxembourg mais n’a peut être pas été pour rien pour le succès de cette station. L’arrivée des récepteurs à transistors souvent créditée du succès d’Europe 1, ne peut expliquer qu’une réussite postérieure à 1960. Entre 1955 et 1960, les récepteurs transistors ne représentaient certainement qu’une faible minorité des récepteurs radios français.