Permettez-moi de vous relater l’histoire singulière de notre collègue Robert Husson, doyen de Chaumont en Haute-Marne.
Né le 23 février, Monsieur Husson vient de célébrer ses 104 ans. Il vit seul dans sa maison et, contre toute attente, prend encore le volant, lui, grand passionné de conduite sportive. Bon vivant assumé, il fut, dans sa jeunesse, un homme d’énergie et de détermination. Il n’hésitait pas, régulièrement, à parcourir 400 km à vélo (aller-retour) pour retrouver sa chère Lucienne.
Installé à Chaumont comme technicien radio-TV, il embrassa cette vocation contre l’avis de son père. En 1949, il ouvrit son propre magasin, Husson, qu’il dirigea pendant près de quarante ans, avant de passer le flambeau à son fils, dépositaire principalement de la marque Sony, qui en poursuivit l’activité jusqu’en 2005.
Si je vous parle de Monsieur Husson, c’est parce qu’il compta parmi sa clientèle un homme d’exception : le Général de Gaulle, à Colombey-les-Deux-Eglises.
Au début des années 60, Mon Général décida d’équiper la Boisserie d’un poste de télévision noir et blanc. Monsieur Husson lui proposa un Philips, choix immédiatement écarté par le chef d’État : pas de marque étrangère dans une demeure présidentielle ! Pourtant, par un savant jeu d’arguments, notre technicien parvint à le convaincre d’opter pour ce qui se faisait de mieux à l’époque. L’installation nécessita un imposant régulateur de tension, et c’est alors qu’une scène aussi cocasse qu’inoubliable se déroula : le Général, sans cérémonie, s’agenouilla dans le bas de sa bibliothèque afin de faire de la place pour « le machin » entre ses livres.
A la fin des années 60, Monsieur Husson installa un poste couleur à la Boisserie, que le Général ne put malheureusement apprécier bien longtemps.
Lorsque vint l’heure des funérailles, une ultime mission lui fut confiée par la mairie de Colombey : sonoriser tout le village, de la Boisserie à l’église, en dépit des rues encombrées et impraticables. Ainsi, jusqu’au dernier hommage, Robert Husson fut un témoin privilégié de l’histoire.
Longue vie à vous, Monsieur Husson !
Texte inspiré de deux articles du journal de la Haute Marne et de l’Affranchi, notre canard enchaîné local de cette semaine.
RVB