Poste batterie, ma première restauration

*bonjour*

Voici la description de ma toute première restauration, un poste batterie réalisé à l’époque par un amateur.
Etat des lieux externe:
L’ensemble est composé du poste batterie « coffre » et de son diffuseur.
L’état de la boiserie semble assez correcte, pas d’éclat de bois, le couvercle est voilé, et ne ferme pas correctement.
Les vernis sont à refaire.
Les inscriptions peu lisibles des boutons sont à reprendre.
Oxydation de la jupe chromé du cadran du CV et la sérigraphie de position qui à jaunit.
Manque un écrou de connexion.

L’ébonite de la façade est terne et à pris une couleur brunâtre /jaune.

On voit nettement l’oxydation de la jupe.
Le condensateur variable dispose de deux réglages (grossier et fin) Le réglage fin semble hors service. Les boutons de commandes sont en bakélite et en bon état

Etat des lieux au niveau électronique du poste:
Après quelques mesures il s’avère que les deux transformateurs BF sont coupés au niveau du primaire.
Les lame fixes et mobiles du condensateur variable principal se touchent)
Le réglage fin (démultiplication ) du CV est hors service.
Le commutateur Grandes ondes/ Petites ondes est complètement oxydé.
Les trois triodes semblent bonnes, filaments et débit contrôlés au lampemètre.
Les supports des tubes sont oxydés.
Le réceptacle de la pile de 4,5v est rongé par l’acide de la pile qui a coulée.
Toutes les connections sont à revoir, ainsi que les fils de liaisons.

Les triodes:
Une DZ 1508 pour la détection
Un A 409 première BF
Une RO 4305 BF finale

La pile de 4.5v sert de polarisation du tube final.

Le schéma du poste:
Première opération avant toute chose ! Le relevé du schéma, qui est facilité par un petit nombres de composants et un câblage bien aéré.
Celui ci sera complété par la suite pour les valeurs de chaque composants, lors du démontage.
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Restauration du diffuseur
Les bobines du diffuseur sont coupées.
Elles sont composées de deux bobines, un fil de sortie au négatif et l’autre au positif.
Elles ont un point commun qui facilite la mesure de continuité pour chacune d’entre elle. Malheureusement les deux sont coupées !
Lors du démontage les supports des bobines sont devenus très friables et le démontage sans les casser est impossible.
Pour les reconstituer j’ai utilisé du tube pvc rond, que j’ai d’abord coupé, une coupe pour pouvoir le développer sur sa longueur, et chauffé au décapeur thermique pour qu’il garde sa position à plat.
Après réalisation un manchon en acier suivant les mesures des anciennes bobines (dimensions entrefer) j’ai plié le pvc sur celui ci, en utilisant toujours le décapeur thermique, qui va faciliter le pliage et conserver sa forme après refroidissement.
Réalisation de deux flasques par bobines, ajourés dans le milieu pour le passage de l’entrefer. Finir par un collage à la cyano acrylate. Voila les deux portes bobines sont prêtes à êtres bobinées.
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Un petit croquis des connections des bobines et le sens d’enroulement du fil.

Création d’un mandrin pour la bobineuse.
Diamètre du fil 0.05mm, bobiné en vrac.
J’ai compté le nombre de tours d’une des bobines: 3150 tours.
Rembobinage des deux supports: 6300 tours.
Impédance 2400 ohms.

Les deux bobines remontées sur l’entrefer.

Remontage de l’ensemble.
Avec un générateur BF j’injecte un signal à 1000hz, un signal faible mais audible se fait entendre, le réglage de la membrane réagit correctement. Le diffuseur est opérationnel.

Restauration du poste batterie
Les deux transformateurs de liaisons sont coupés.
J’attaque le premier, qui est un transfo de 1/5, le primaire est mort, le secondaire fait 2440 ohms donc le primaire devra faire 488 ohms.
J’ai quand même compter le nombres de spires sur chaque enroulement.
Cela correspond 10000 spires au secondaire et 2000 spires au primaire.

Voici la coupure dans le primaire !
Une oxydation au vert de gris qui a désagrégé le fil.

Rembobinage du transformateur.
Diamètre du fil 0.1mm en spires jointives.
Pose d’un papier isolant sur chaque couche.

Rembobinage terminé.
Les impédances sont OK
Remontage des tôles après nettoyage et dérouillage.
Mise en peinture des tôles au pinceau.

Mise en peinture des flasques.
Décapage de la boulonnerie.
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Et voila le travail !
Comme neuf !

Voici le deuxième transformateur de liaison à l’état initial. Le ratio est de 1/3.
Le secondaire fait 1820 ohms, donc le primaire devra faire dans les 600 ohms.

La bobine restauré
Mise en place des entrefers après dérouillage et peinture
Mise en peinture des flasques du boitier
Remontage de la bobine, l’espace dans le boitier est vraiment au plus juste !

Les transformateurs sont terminés.

Le condensateur variable d’accord
Les commandes du condensateur variable sont bloquées !
Deux axes de commande sur ce CV, un pour un règlage grossier et l’autre, un règlage fin.
Les parties peintes sont piquées par la rouille et les lames du CV très encrassées.
Dans le boitier arrière se trouve le mécanisme du règlage fin, qui est constitué d’un démultiplicateur qui entraine la cage mobile du CV par le biais d’un disque d’embrayage.

Les lames fixes et mobiles se touchent, mais non pas subits de déformation.
Je vais procéder à un démontage complet du CV, pour voir l’étendu des dégats et le remettre en état.

Le système de démultiplication est la cause du bloquage .
Un manchon à trois doigts entrainé par les trois billes, qui lui même entraine la cage mobile du CV est cassé au niveau d’un doigt.

Sur la photo on voit bien ce manchon à trois doigts, qui entraine la cage mobile du CV par l’intermédiaire d’un disque d’embrayage ( petit disque brun )
De plus la matière de cette pièce c’est ramolit, elle devrait tourner librement dans le trou de passage du cadre, mais elle est complètement bloqué dans celui ci.
Son extraction ne peut se faire que par l’arrière.
Impossible de l’extraire sans la casser, la matière est devenu trop friable et il n’y a aucune prise.
Il va falloir reproduire cet élément.

Comprendre le fonctionnement des commandes du CV.
Ce condensateur variable offre la possibilité d’un réglage grossier de la position des lames et un démultiplié, pour un réglage fin.
L’axe de la commande grossière est couplé directement à la partie mobile du CV. Sa rotation s’effectue sur une cage à billes conique situé à l’avant de celui ci. Le maintient en contact sur les billes du roulement, s’effectue par le biais du disque d’embrayage , le manchon à trois doigts, sa coiffe à bille et les deux ressorts étoiles en bout du mécanisme.
La pression sur les billes du roulement et sur le disque d’embrayage s’exerce donc au moyen de ces lames ressorts (étoiles).

Fonctionnement du réglage fin.
L’axe central pourvu d’une gorge en son extrémité, reçoit trois billes de diamètre huit. Ces billes sont poussées en pression dans cette gorge au moyen de deux flasques. Les deux trous chanfreinés et les trois petits ressorts exercent cette poussée des billes sur l’axe.
La rotation de l’axe fait circuler les billes sur la circonférence des trous des flasques. On à donc bien une démultiplication plus lente ( petit diamètre de l’axe/grand diamètre des billes). Il suffit maintenant d’entraîner le manchon dont les doigts prennent position dans l’espace entre les trois billes. Il fera tourner la cage du CV au travers du disque d’embrayage.
Photos axe, billes et flasques.

Conception d’un doigt d’entraînement pour le mode de réglage fin.
Le dysfonctionnement provient de ce doigt dont la matière “Alpax” est devenue friable, la pression des lames étoiles exercé sur celui ci, à fait gonfler la matière et de ce fait bloqué celui ci dans le trou de passage du châssis du CV. En fonctionnement normal le doigt doit tourner librement dans ce trou.
Le démontage de ce doigt complètement bloqué et la matière devenue molle, c’est soldé par une multitudes de morceaux, inutilisables pour la prise de cotation afin de le reproduire.
J’ai donc fait avec précision, un relevé de cotes par rapport aux autres éléments du CV et du coup j’ai conçu un doigt plus simple pour sa réalisation.
Plan du relevé des cotes du mécanisme.

J’ai conçu cette pièce en deux parties, une partie en aluminium, avec sur une face, l’ergot d’arrêt du disque d’embrayage et trois trous qui reçoivent les trois axes en acier trempé de diamètre deux. Le trou central permet le passage de l’axe de commande du CV.
Les trois trous diam 2mm recevant les axes doivent êtres placés très exactement tangents aux billes. Un jeu se répercuterai au niveau de la commande par un trou en allant de droite à gauche, par le rattrapage de ce jeu.
Pour les intéressés le plan de cotation de cette pièce.

Dessin 3D du doigt, axe, billes.
Prochaine étape: Réalisation du doigt, montage et essais.

Réalisation du doigt suivant le plan si dessus.
Les trous des trois axes doivent êtres non débouchant, se rappeler qu’il y a une poussée des lames ressorts sur ces axes.

Avant de procéder au remontage du CV, un nettoyage des lames et une remise en peinture du cadre s’imposaient.
Pour le nettoyage des lames une astuce qui fonctionne très bien: le bicarbonate de soude ou de la levure chimique c’est ce dernier que j’ai utilisé. J’ai laissé tremper les lames mobiles et fixes dans la solution environ 3 heures. Le résultat est remarquable.
Pour le cadre, ponçage de la rouille, un apprêt, puis peinture en bombe.

Remontage du CV.
Montage de la cage à billes et son écrou.
Mise en place des lames mobiles.
Le demi boîtier de protection et le premier flasque ( chanfrein coté billes) sont immobilisés sur le cadre avec trois axes filetés plus écrous. Ne pas oublier le fil de masse si vous l’avez déconnecté.
Vérifiez le bon centrage du flasque avant serrage.

Placer l’axe de commande du réglage fin.
Monter le doigt après y avoir placé le disque d’embrayage.
Placer les trois billes.

Mise en place du deuxième flasque, toujours le chanfrein coté billes.
Placer les trois petits ressorts sur la tige fileté ainsi que les trois écrous.
Compression des ressorts à mi course environ.

Placer sur les tiges du doigt la coiffe et sa bille.
Finir par la mis en place des deux lames ressorts et écrous.
Serrer les écrous de façon à donner une légère flexion aux lames. Fignoler le réglage pour avoir une commande de l’axe grossier, ni trop molle et ni trop dur.
Une fois le réglage souhaité mettre une goutte de frein filet sur les écrous.
Placer le couvercle de fermeture.


Voila le condensateur variable restauré.
Valeur relevé: 24 à 570 Pf

Le condensateur variable Réaction
Ici ce CV est simple , opération de démontage pour un nettoyage, et redressage de lames qui se touchaient à mi course.

Le condensateur variable Réaction restauré.
Sa valeur est de 20 à 138 Pf.

Le commutateur de gamme PO/GO
Remise en état du contacteur de gamme.
Nettoyage et polissage des plots de contacts, partie oxydée, et bornier.

Remise en état de la sérigraphie des boutons de commande et du cadran.
J’ai utilisé de la peinture acrylique pour le remplissage des lignes et caractères des boutons.
J’ai procédé comme suit: Vider les inscriptions de l’ancienne peinture, une petite brosse à dent sera utile.
Etaler la peinture sur les inscriptions, en petite quantité.
Laisser sécher environ 5 minutes et essuyer le surplus à l’aide d’un chiffon humide, sans trop insister sur les caractères.

La jupe du cadran était chromé à l’origine , mais le chromage était en très mauvais état.
La jupe est en acier et pour faire tenir le chromage, l’acier est recouvert d’une fine couche de métal non ferreux, ici du laiton.
J’ai donc éliminé délicatement le chrome, qui est partit assez facilement et cela sans altérer la couche de laiton.
J’ai ensuite passé une couche de vernis incolore en bombe, pour métal.
C’est un point qui me faisait assez peur, car trouver une entreprise pour réaliser un chromage n’est pas chose facile.
Je dois dire que le rendu est plus que satisfaisant et que je trouve encore plus joli que le chromage.
Sur le fond brun de la plaque d’ébonite, cela fera du plus bel effet.


Restauration de l’ébonite de la face avant du poste.
La partie visible après montage dans le coffre est la patrie teintée brune.
Celle ci était devenue terne et laissait apparaître quelques éraflures.
J’ai commencé par un léger ponçage à la laine d’acier 000 , sur toute la surface.
J’ai ensuite passé une couche de vernis incolore en bombe, séchage, puis re ponçage à la laine 000, il a fallut trois couches de vernis pour que les rayures ne soient plus visibles.
Le résultat est impeccable, sous la jupe on voit le reflet de la lampe du plafond, ce n’est pas une tache !

La jupe laitonnée est magnifique sur le fond Brun.

Les bobines d’accord GO/PO

Les bobines d’accord étaient fixées, à l’origine sur une paroi du coffre. J’ai regroupé ces deux bobines sur une plaque de pvc noire, afin de les rendre solidaire du châssis et des autres composants.
Le but est de simplifier le démontage et l’extraction du châssis sans avoir besoin de déconnecter ces bobines dont les fils sont fragiles.
Avantage aussi pour le test, les mesures et le dépannage du poste puisque tous les éléments sont réunis au fonctionnement.

Le châssis et les composants électroniques
J’ai apporté plusieurs modification sur ce châssis.
A l’origine on ne pouvait pas extraire celui ci du coffre sans avoir préalablement démonté les éléments de la face avant.
J’ai donc réduit la largeur de la plaque supportant les composants, pour avoir un espace suffisant dans le coffre, pour le passage des axes,(CV et commutateur de gamme).
J’ai rajouté deux supports sous le tube du milieu, la plaque d’ébonite supportant les tubes était déjà fissurée, dù à une flexion trop importante, à l’embrochage du tube central.
Câblage remis à neuf,( fil de cuivre étamé sous gaine rayonne).
Solidarisation des bobines d’accord.
Remise à neuf de la connectique et supports de tubes
Teinture/vernissage du panneau supportant les composants.

Fin de la restauration électronique
Le poste est prèt pour les essais.
L’alimentation du poste se fait en 80 volts continu, et 4 volts pour les filaments.
Passons à la restauration de la boiserie du coffre.

Restauration de la boiserie
Pour la boiserie du poste, le travail est important et une nouvelle expérience m’attend… le vernissage au tampon.
Le couvercle qui a subit une déformation importante fera l’objet de ma première prise en main. Ce panneau en chêne, est cintré dans sa largeur. Un chêne qui à vieillit est très dur, alors pour lui donner un peu de souplesse afin de le redresser je l’ai d’abord immergé dans l’eau pendant une bonne journée. Puis serré à l’aide de serres joints sur une surface dur et plane pendent une bonne semaine. Le résultat au démontage était parfait, mais après quelques jours à l’état libre un cintrage réapparaît. Pour remédier à ce problème j’ai cherché une belle planche en chêne de 16 mm d’épaisseur avec les dimension du couvercle moins 2 cm sur chaque coté.
J’ai recommencé l’opération de trempage dans l’eau et bridage sur plan droit. Tout de suite après le démontage j’ai collé à la colle à bois ce panneau sur le couvercle (coté intérieur)
A ce jour il n’a pas bougé et reste bien droit.
L’ensemble à ensuite été entièrement décapé, ici de nombreux produits sont disponibles.
Après dix minutes le vernis se décolle assez facilement à l’aide d’une spatule. Pour finir un bon nettoyage à l’alcool à 90°pour enlever toute trace de décapant.

Rebouchage des pores du bois Les deux baguettes de décoration verticales de la face avant, qui cachent les joints d’assemblage du caisson sont enlevées, pour permettre un ponçage plus aisé.
Le ponçage est effectué avec du papier abrasif fin puis de la laine d’acier 000, dans le sens des fibres du bois.
Pour la finition et pour faire rentrer les pores du bois j’ai utilisé un tampon imbibé d’alcool à vernir et de la ponce soie. Il faut changer à plusieurs reprise le tissus du tampon qui s’use par l’effet d’abrasion de la poudre.

La boiserie est prête pour le vernissage.
On voit ici la planéité du couvercle.

Le couvercle du coffre vernis, avec la plaque de chêne collé coté intérieur, afin de maintenir sa planéité

L’ensemble du coffre vernis, avec ses bordiers.

Les travaux sur l’ébénisterie sont terminés, il ne reste plus qu’à installer la partie électronique.

Quelques photos du poste restauré.
Le poste à été testé et fonctionne très bien ainsi que le diffuseur.

Début de la restauration 30 sptembre 2008
Fin de la restauration 25 Février 2009.

Superbe travail :ghee: Felicitations