Bonjour Pierre,
Contrairement à ce qui a été affirmé plus haut, et toujours avec cette même élégance, Grundig n’a jamais produit de « merde en boîte ». Comme tous les fabricants, la marque a dû proposer des téléviseurs couleur plus économiques pour survivre dans les années 90 et 2000, mais certainement pas à votre époque.
Les modèles D6632 et D6634 présentaient une architecture quasi identique, tous deux fondés sur un châssis à thyristors, technologie devenue nettement plus fiable dans la seconde moitié des années 1970. Le D6634, plus tardif, intégrait logiquement une prise péritélévision, ce qui imposait une isolation du secteur (châssis froid). Celle-ci était assurée par un transformateur d’alimentation classique, une solution transitoire en raison de son poids et de son coût élevé.
D6632 et D6634
Le passage au modèle A7402D fut une décision stratégique en vue d’un déploiement mondial. Ce modèle inaugura le châssis CUC A, bien plus moderne. Le balayage ligne abandonnait les thyristors au profit d’un transistor de puissance, plus fiable. L’alimentation à découpage, confiée à un TDA4600, assurait une meilleure régulation. Ce châssis marquait clairement le passage à une nouvelle génération de téléviseurs dès 1981, tant sur le plan des performances que de la maintenance.
A7402D
N’ayant entrepris les dépannages qu’en 1983, j’ai peu d’expérience directe des TV à thyristors. En revanche, je connais bien le CUC A de votre père. Malgré quelques faiblesses, notamment un module tuner/FI calamiteux et une compatibilité imparfaite avec Canal+ (vite corrigée), sans oublier certaines consoles de jeux, il se distinguait clairement par sa qualité de conception et sa fiabilité à long terme. Il était toutefois équipé du tube cathodique Philips 30AX, dont les premières séries souffraient d’une usure prématurée. Grundig proposait alors, discrètement, une prise en charge partielle de son remplacement selon l’âge de l’appareil ; encore fallait-il être informé de cette politique.
L’image délivrée était exempte de dominante (quand l’écran était en pleine forme), avec une restitution du rouge particulièrement fidèle. A mes yeux, elle surpassait même celle du CUC C qui lui succéda. Le CUC A me laisse un excellent souvenir : schéma clair, pannes peu piégeuses, composants accessibles, un châssis sain.
En somme, votre père avait fait un choix judicieux. Avec un design que je trouvais superbe à l’époque et une télécommande digne de ce nom. Reste l’incertitude liée à la longévité du tube, mais pour le reste, la conception tenait largement la route.
Bien cordialement,
RVB