Mon cher Sébastien,
Tu as répondu à cette question par toi-même.
Les années soixante-dix marqueront la fin d’une époque d’innovations en HIFI et, dans une moindre mesure, en télévision. L’avènement de la couleur par Grundig, basé sur un modèle de balayage ligne de chez RCA, suivra le mouvement sans jamais le surpasser. Seuls les premiers châssis couleur de Philips seront considérés comme « LA REFERENCE ».
Max Grundig avait pour habitude de tester personnellement les appareils avant leur production. Si la technique, l’aspect pratique et surtout l’innovation ne le satisfaisaient pas, il n’était pas rare de voir l’appareil traverser la fenêtre avec élan. Sa réputation redoutable le précédait. Je parle ici des années 60 et 70.
Avec l’arrivée de la concurrence japonaise, le déclin était inévitable. Il ne s’agissait plus d’innover, mais de maintenir les parts de marché, ce qui devenait de plus en plus difficile. La maladie avait considérablement affaibli le « boss », souvent absent pendant de longues périodes à la fin des années 70 et au début des années 80. Les produits n’étaient donc plus soumis à son impitoyable examen. Cela ouvrait la porte au conformisme et à l’ambiance du moment, sans jamais bousculer les codes de l’innovation. Il suffit de consulter les Grundig revues HIFI allemandes des années 75/80 pour s’en convaincre. Comparée à la production japonaise, la puissance sonore germanique restait en deçà, et le design demeurait austère. Rien de comparable avec les produits de l’époque signés SONY, AKAI, PIONEER, et autres. Je suis l’un des rares à apprécier le look des éléments Hi-Fi de Grundig des années 78/82, bien que je ne les aurais pas achetés.
La seule véritable innovation des années 80 fut la télévision 100Hz, qui se révéla finalement un échec sans avenir, une sombre daube à la fiabilité douteuse. En revanche, perfectionner les châssis 50Hz des années 95 avec l’excellent processeur vidéo Philips TDA 8376 (mon préféré, un composant remarquable que j’étudie à nouveau actuellement) ou ses successeurs, associés à des tubes dédiés (Philips ou Toshiba), aurait revitalisé le marché de la TV. Ces télévisions se distinguent immédiatement par leur image contrastée et leurs couleurs impeccables, avec un véritable écran « au noir » guidé par un cahier des charges rigoureux. Malheureusement, entre 1990 et 1997, lorsque Philips reprit les rênes de la maison mère, les économies eurent raison du potentiel de sublimation de la TV 50Hz Grundig. Il restait encore tant à accomplir dans ce domaine. C’était la fin d’une ère.
Si Max Grundig avait encore été de ce monde en 1995, j’aurais aimé lui murmurer à l’oreille l’excellente citation de Jean Giono : « Etre dans le vent est une ambition de feuille morte. »
RVB