Bonjour
Intéressante discussion.
Voici quelques infos sur ma propre installation qui date de mars 2013, donc 10 ans de service, si cela peut contribuer au débat.
Dimensionnement : 8 panneaux pour une puissante totale (crête, ou pointe selon les appellations) 2,6kW. Je n’avais pas place sur le toit pour en mettre plus.
Onduleur Solar Edge + modules DC/DC derrière chaque panneau : explication du fonctionnement du Solar Edge Ici (fichier pdf).
J’ai mis cela pour deux raisons : d’octobre à mars j’ai un ombrage gênant sur les panneaux, c’est une cheminée… que je ne sais pas abattre car c’est celle du chauffage central. 
Le Solar Edge permet d’optimiser la production, même quand cette ombre se « promène » (au fur et à mesure de la position du Soleil) sur les panneaux. La tension globale continue de la série de panneaux reste constante, on perd juste la puissance des panneaux ombrés. Dans un système traditionnel avec les panneaux « simplement » en série, si la tension continue est trop faible l’onduleur peut cesser de convertir et donc il n’y a plus de puissance produite alors que 6 panneaux sur 8 (dans mon cas) sont ensoleillés.
Seconde raison du choix Solar Edge est la sécurité : si l’onduleur se coupe, la connexion série entre les panneaux est interrompue par ces modules (il y a un relais dedans). Chaque panneau se retrouve isolé électriquement. Un signal de données est présent sur les conducteurs DC : cela permet de suivre la production de chaque panneau, individuellement.
Fiabilité ? Sur 10 ans un module est tombé en panne et a été changé gratuitement, ils sont garantis 20 ans…
L’onduleur principal est le même depuis 2013.
Orientation du toit SSO, inclinaison fixe et optimale courant mai : c’est pendant ce mois-la que les pointes de puissance produite sont les plus élevées : orientation idéale et panneaux pas trop chauds.
Localisation : est de la Belgique, pas la région la plus spécialement ensoleillée du Globe… En périphérie de ville, quelques arbres dans le jardin et le voisinage (pas d’ombre produite par ces arbers mais j’y reviendrai)
Voici, pour fixer les idées, les graphes de production. Celui-ci compare les productions énergétiques annuelles.
Je n’ai dépassé qu’une seule fois les 2.500kWh produits, en 2022. Excellente année bien ensoleillée et … j’avais fait nettoyer les panneaux au printemps par une société spécialisée ! Je l’avais fait moi-même une seule fois, en 2021, mais à déconseiller car l’eau de ville (du moins ici) laisse un voile calcaire sur les panneaux. Les gens qui sont venus ont leur propre réservoir d’eau déminéralisée dans le camion, et un savon adapté. En tout cas d’un jour à l’autre la différence de puissance atteinte a été évidente.
Dépendant des régions et de l’encrassement des panneaux, mais à vérifier : combien de panneaux perdent simplement en rendement car ils sont sales ? Restez sans nettoyer un Velux sur le même toit et observez l’encrassement… Certains vendeurs disent que les panneaux « se nettoient tout seuls » avec la pluie, c’est peut être possible dans certains endroits, mais ici ce n’est pas le cas. L’eau découlant des panneaux lors du nettoyage était verdâtre / brune : encrassement par la végétation avoisinante (pollens, feuilles…) ? Je ne sais pas, mails ils étaient fort sales. Cette année 2023 est très sombre ici et la production n’est pas bonne.
Voici les productions mensuelles comparées depuis 2013 :
On est bien sur dépendant des saisons, cela ressort bien ici. Et d’une année à l’autre, selon la météo, deux mois d’été peuvent être très différents. Celui qui prétend que cela produit pareil même avec des nuages, heu… Enfin bon, le commerce ! Car à l’époque ou j’ai chiffré le projet avant de commander, j’ai eu affaire à des commerciaux qui confondaient énergie et puissance, prétendaient n’importe quoi,… enfin bref n’y connaissaient rien du tout.
Le quartier ou je vis est desservi par un transfo assez puissant qui est dans un immeuble à appartements, et de plus il n’y a que 4 installations PV dessus, de plus assez petites. En 10 ans il n’y a jamais eu de décrochage de l’onduleur par surtension. A deux maisons de chez moi il y a un garage motos qui « tire » pas mal sur le réseau avec les éclairages, machines, enseignes… Donc pas trop de soucis de charge faible localement pendant la production.
L’onduleur doit être connecté au réseau pour fonctionner, d’ailleurs lors de l’approbation par le service de sécurité (réception avant mise en service), un test consiste à déclencher l’installation électrique sur le différentiel de tête : l’onduleur doit se couper immédiatement.
A noter aussi que les onduleurs vérifient également la fréquence du réseau électrique : si elle est hors tolérance, ils se coupent. Ici dans la région, d’énormes inondations en juillet 2021 ont mis des centaines de cabines de distribution hors service (câbles MT arrachés, transfos noyés…). Les distributeurs ont installé temporairement des groupes électrogènes (quelques centaines de kVA) dans certains quartiers : ils les font tourner un peu « vite » pour avoir une fréquence de 50,5 Hz ou plus : plus aucun onduleur ne fonctionne dans ce cas (je ne sais pas ce que cela donnerait en couplage photovoltaïque et groupes électrogènes, de quoi donner des sueurs à Kirchoff). L’effet de cette fréquence était visible sur les réveils ou horloges synchrones secteur, ils « avançaient », prenant quelques minutes d’avance sur quelques jours…
Ces productions annuelles ne couvent pas la totalité de notre consommation, selon les années on a entre 500 et 1000kWh facturés, donc consommés. Pour le moment nous avons toujours un compteur mécanique qui tourne à l’envers si la production est supérieure à la consommation. Si le PV produit quand on ne consomme pas, l’énergie va sur le réseau. En hiver le compteur ne tourne quasi jamais à l’envers, évidemment.
Depuis le début des années 2000 j’ai fait la chasse aux consommations permanentes de veille, il y a des économies à faire parfois en plaçant un simple interrupteur…
En Belgique le photovoltaïque domestique a été soutenu par des aides (différentes selon les régions) : on recevait des certificats verts en fonction des productions. Certificats à revendre à des producteurs d’énergie. Ce mécanisme n’existe plus maintenant, mais aidait à rentabiliser les installations. Sans ces certificats j’aurais mis +/- 10 ans à rentabiliser celle-ci (malgré des prix de l’électricité bien plus élevés qu’en France) et avec j’ai mis +/- 6 ans. Il faut prendre en compte qu’en 2012-2013 les installations PV coûtaient une blinde par rapport à maintenant. Le même installation coûterait aujourd’hui moins de la moitié de la somme que j’ai payé en 2013.
Dans les années à venir il est prévu que les compteurs mécaniques soient remplacés par des électroniques (genre des Linky) : cela fera encore baisser l’intérêt pour ces installations puisque ceux ci ne décompteront plus l’énergie renvoyée sur le réseau. On essaie déjà maintenant de faire fonctionner les gros consommateurs pendant la production (mon épouse regarde sur l’onduleur) mais ce n’est pas toujours possible. J’ai déjà envisagé de mettre une mesure de courant sur la sortie onduleur pour pouvoir commuter des électroménagers, mais la plupart ne se mettent pas en route quand on les alimente puisqu’il faut choisir le programme puis les lancer, bien souvent par un petit bouton poussoir ou une touche sensitive… Et nous n’avons pas de chauffe-eau électrique.
A ce niveau il y aurait quelque chose à développer par les constructeurs : un genre de « bus » reliant ces électroménagers, chauffe eau,… pour les démarrer quand les conditions de production sont optimales (données des onduleurs et d’un site météo par exemple).
Dernier point, je ne sais pas en France mais ici en Belgique les inverseurs de source automatiques sur les installations domestiques ne sont pas autorisés (par exemple réseau ou groupe de secours). En industrie, oui, mais en domestique non, probablement pour des raisons de sécurité et éviter des « retours » sur le réseau lors de coupures de maintenance.
Cordialement,
Thierry